Karen Littlewood, présidente élue d’OSSTF/FEESO

Forte, disposée et capable

photos of Karen Littlewood

Le 14 mars 2021, la Réunion annuelle de l’Assemblée provinciale (RAAP), tenue virtuellement, a élu Karen Littlewood comme 67e présidente de la Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (OSSTF/FEESO). Originaire du District 17, Simcoe, Karen apporte avec elle une variété d’expériences en tant qu’éducatrice, y compris le début de sa carrière en tant qu’enseignante à l’élémentaire, ainsi que son plus récent travail de dirigeante au sein de l’Exécutif provincial en tant qu’agente exécutive pendant deux ans et de vice-présidente pendant deux autres années. Plus tôt ce printemps, peu de temps après son élection, j’ai eu l’occasion de m’asseoir avec notre présidente élue pour l’interroger sur son histoire, son trajet et sa vision de l’avenir.

Karen apporte à ce poste une longue histoire de défense des intérêts au-delà de la salle de classe et de la Fédération. Elle note que l’une des expériences les plus influentes dans son développement du leadership a été d’être choisie comme participante à la prodigieuse Conférence canadienne du Gouverneur général sur le leadership en 2012. Ce programme réunit des personnes à mi-carrière de tout le pays, représentant des entreprises privées, des industries, le secteur public, des syndicats et des organismes bénévoles. La conférence demande aux participants de remettre en question leur façon de penser et de développer des pratiques de leadership créatives et collaboratives. Depuis, Karen s’est efforcée d’accroître la participation d’OSSTF/FEESO à la conférence, contribuant ainsi à développer de nouveaux dirigeants pour l’organisation. Son expérience à la conférence sur le leadership l’a également amenée à s’engager localement dans quelque chose d’important, en dehors de l’éducation et du syndicalisme. Cela l’a amenée au David Busby Centre de Barrie, qui travaille sur des programmes locaux d’intervention contre la pauvreté, de soutien aux sans-abri et de réduction des méfaits. Karen a été bénévole au Busby Centre de 2012 à 2017 et a reçu le prix du bénévole de l’année décerné par le centre en 2017. Les revendications de Karen ont également été façonnées par son travail en tant que l’une des membres fondateurs de Barrie Pride, qui a débuté en 2013 et qui est maintenant devenu l’un des évènements de fierté de petite ville les plus célébrés de l’Ontario.

À l’origine, Karen a étudié la traduction à l’Université Laurentienne de Sudbury (Ontario) et elle ne pensait pas devenir enseignante. Ce n’est qu’après qu’une amie lui ait présenté l’idée de s’inscrire à un programme de formation des enseignants que Karen a commencé à envisager une carrière d’enseignante. À michemin de sa formation en enseignement à l’Université Nipissing de North Bay, Karen a été embauchée pour enseigner le français de base de la 4e à la 6e année à Keswick (Ontario). Karen a passé plus de 15 ans à travailler comme membre de la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO/ETFO), jusqu’à ce qu’une annonce dans un journal pour un poste d’enseignante au secondaire à Alliston (Ontario) attire son attention. Karen ne s’attendait pas à passer une entrevue, encore moins à recevoir une offre d’emploi, alors quand l’offre est arrivée, elle savait qu’elle devait saisir cette nouvelle occasion. Elle a laissé derrière elle son ancienneté au sein d’ETFO ainsi qu’un poste local libéré à temps partiel au sein du syndicat. C’est dans ce nouveau rôle que Karen a découvert sa véritable passion en tant qu’éducatrice – enseigner dans une classe d’éducation de l’enfance en difficulté regroupée avec un autre enseignant et un certain nombre d’éducatrices.

Bien que Karen ait changé de palier, elle n’a pas renoncé à son dévouement au syndicalisme. Grâce à son implication dans son Conseil du travail local, Karen était déjà activement impliquée avec les membres/dirigeants d’OSSTF/FEESO par leur travail commun en tant qu’affiliés lors des élections. Karen a occupé divers postes et était une force active dans son unité de négociation locale et au sein du district lorsqu’elle a été élue en 2014 présidente de l’unité de négociation du personnel enseignant du District 17.

Lorsqu’on lui a demandé ce qui l’avait décidée à s’engager dans le syndicalisme, Karen a répondu en disant : « Un tournant pour moi a été la nécessité de participer à un refus de travailler alors que j’étais encore enseignante à l’élémentaire. C’était une situation incroyablement effrayante où j’ai été menacée de perdre mon emploi et d’autres représailles. Mon syndicat m’a soutenu avec une telle force que j’ai su que je serais capable de me défendre, de me protéger et de protéger les autres. La présidente de mon unité locale [ETFO] à l’époque était Ann Hoggarth [ancienne députée provinciale de Barrie], qui est maintenant une amie très chère. Ann m’a beaucoup appris sur le syndicalisme. Je fais souvent référence à ce refus de travailler, parce que je sais combien il faut de courage pour se lever et refuser un travail dangereux et c’est le syndicat qui m’a donné cette force.

En même temps, je m’impliquais de plus en plus dans mon conseil du travail local, siégeant à l’exécutif du Barrie and District Labour Council pendant de nombreuses années. Le conseil du travail m’a ouvert les yeux en me permettant d’entendre d’autres travailleuses et travailleurs ayant des expériences différentes. Je n’oublierai jamais mon premier congrès de la Fédération du travail de l’Ontario (FTO/OFL) en 2009, où j’ai écouté des gens de métier, des cols bleus et d’autres travailleuses et travailleurs parler de leurs luttes et de leurs situations uniques. J’ai entendu parler de leurs différences, mais aussi de leur solidarité. J’ai vraiment apprécié les choix que j’ai faits, mais surtout les possibilités qui m’ont été offertes »

Karen tient à souligner l’importance de faire partie du conseil du travail local. Comme elle le fait remarquer, « … c’est quelque chose que tout le monde peut faire pour faire partie de quelque chose d’important. Il y a tellement de valeur à se voir comme faisant partie de quelque chose – c’est un excellent point de départ. »

Ce dévouement au travail est primordial dans la vision qu’a Karen de l’avenir d’OSSTF/FEESO. Elle reconnaît qu’elle craint l’avenir du mouvement syndical, nous rappelant que les États où le droit au travail est en vigueur et que la destruction des syndicats au Sud de la frontière sont autant de signes de la façon dont les gouvernements luttent contre les droits des travailleuses et travailleurs partout dans le monde. Mais elle est également encouragée par la croissance du mouvement syndical en Amérique du Nord, par l’augmentation récente du nombre de travailleuses et de travailleurs protégés par un syndicat et par la pression exercée pour organiser les travailleuses et les travailleurs dans des endroits comme McDonald’s et Amazon. Pour Karen, le travail est le grand égalisateur de la communauté, c’est la façon dont nous travaillons ensemble pour protéger nos communautés et lutter pour un plus grand bien. Elle s’efforce de maintenir et d’accroître la position d’OSSTF/FEESO en tant que chef de file dans le domaine syndical, en préconisant le partage de la richesse et des protections, tout en sachant qu’il y a assez pour tout le monde et que nous devons être unis entre les syndicats afin d’améliorer la situation de tous. Karen croit que la meilleure façon d’y parvenir est de collaborer avec tous nos partenaires syndicaux, dans le cadre du mouvement syndical élargi, y compris nos membres de la Fédération du travail de l’Ontario et du Congrès du travail du Canada.

Lorsqu’on lui demande où elle voit OSSTF/FEESO dans cinq ans, Karen répond : « L’éducation continue d’être attaquée et nous sommes loin d’avoir les ressources dont nous avons besoin pour bâtir la province de l’Ontario. OSSTF/FEESO est incroyablement diversifiée et nous devons le souligner. Nous dirigeons de tant de façons différentes, mais nous devons nous assurer que nos membres sont prêts à relever les défis à venir. Cela commence par un renforcement interne et par l’assurance que nos membres ont le soutien dont ils ont besoin. Cela se poursuit par le développement du profil d’OSSTF/FEESO et en étant à l’avant-garde de l’éducation en Ontario.

L’éducation est vraiment un investissement et vous avez besoin de personnes pour faire fonctionner le système. Vous avez besoin de l’argent pour financer le système. J’aimerais voir une certaine prévisibilité et une certaine certitude, mais je ne sais pas si cinq ans seront suffisants pour cela. »

En tant que onzième présidente d’OSSTF/FEESO en 102 ans d’histoire, Karen reconnaît l’importance du rôle qu’elle assume et cherche à être un modèle pour les femmes et pour les autres membres de l’organisation qui ne se reconnaissent pas dans notre leadership. Ce n’est pas une responsabilité qu’elle prend à la légère, notant que : « Je suis une personne ordinaire qui est arrivée là par différents parcours et étapes. Si les gens peuvent se voir comme quelqu’un qui peut aussi atteindre des postes similaires de dirigeants, quels qu’ils soient, alors je suis heureuse de servir de modèle dans ce poste. Nous avons besoin de voir des femmes fortes et nous avons besoin de cela dans tout le système, avec nos unités locales, avec nos employeurs, au niveau provincial ainsi que dans les communautés dans lesquelles nous vivons et travaillons. Je reconnais que j’arrive à ce poste avec des privilèges, non seulement en tant qu’enseignante, mais aussi en tant que femme blanche.

Je me suis retrouvée ici grâce aux expériences que j’ai vécues et au soutien que j’ai reçu au cours de mes années en enseignement. C’est de là que vient mon besoin de rendre la pareille et de soutenir les autres. J’espère être un modèle pour tous les membres qui ont douté de leur valeur ou qui se sont demandé si le syndicat avait une place pour eux. J’espère être la chef de file dont ils ont besoin et une petite inspiration dans leurs propres pas vers le travail au sein de la Fédération. »

Ayant passé le temps, au début de sa carrière, à dire « Je pense que je peux le faire », mais sans relever le défi, Karen exhorte tous les membres de la Fédération à concrétiser leurs idées et à en faire une réalité. Elle dit, « À la seconde où vous le pensez, vous devez aller dans ce sens et dire oui, je peux le faire. » Elle cite le « syndrome de l’imposteur » que connaissent de nombreuses femmes qui cherchent à devenir des chefs de file, où nous utilisons des excuses intériorisées de ne pas être assez bonnes pour nous dissuader de faire un pas en avant et de croire que nous avons notre place dans des postes de leadership. Karen poursuit en disant que : « Tout au long de ma carrière, j’ai eu tellement d’occasions et j’ai travaillé avec des gens tellement incroyables que je dirais à Karen, 25 ans, de suivre le courant. Mais je sais qu’on ne peut pas vraiment dire ça aux gens et je pense que soit on le fait, soit on ne le fait pas.

J’ai toujours été prête à tenter ma chance, à me lancer et à voir ce que ça donne. Quand la porte s’ouvre, vous pouvez la franchir et si vous n’aimez pas ce qu’il y a, vous pouvez repartir. Je trouve important de considérer les choses comme des expériences d’apprentissage et d’essayer de les transformer en positif. Je pense que Karen, 25 ans, a pris toutes ses expériences et a trouvé les points positifs qui l’ont aidée à grandir. »

J’ai terminé mon entretien avec Karen en lui demandant vers quoi elle se tourne lorsqu’elle a des difficultés – y a-t-il une chanson, une œuvre d’art, un poème ou quelque chose qui l’aide à se relever? Elle a répondu : « Pour moi, c’est la reprise de « Quelque part au-delà de l’arc-en-ciel » (Somewhere Over the Rainbow) d’Israel Kamakawiwo’ole. C’est calme, doux et ça me donne de la perspective. » Elle explique également comment elle s’appuie sur le fait de regarder les choses sous différents angles et de considérer différents points de vue. Elle met un point d’honneur à prendre en compte l’impact de ses actions et donc de celles de notre organisation, sur les autres. C’est cette force motrice qui consiste à travailler pour un bien plus grand que les syndicats doivent continuer à défendre. C’est cette compréhension du pouvoir que nous avons d’avoir un impact sur nos communautés et d’améliorer la vie de chacun qui aide Karen à rester concentrée sur l’avenir, même dans les moments les plus difficiles.

Au terme de notre conversation, nous avons parlé du poids du rôle qu’elle assume. Elle le considère comme un privilège, certes, mais encore plus comme une obligation. Elle est prête à nous faire avancer en tant que membre du mouvement syndical, en tant que force motrice pour protéger et améliorer l’éducation financée à même les deniers publics dans cette province. Elle est prête à le faire en ouvrant de nouvelles portes, en renforçant les relations et en étant une voix puissante qui représente, respecte et honore les diverses expériences de nos membres.

Le mandat de Karen Littlewood, en tant que présidente, commence le 1er juillet 2021.

About Tracey Germa
Tracey Germa est rédactrice en chef d'Education Forum et education-forum.ca.

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