La politique de l’action politique

Les allégeances politiques d’OSSTF/FEESO? C’est toujours pour nos membres.

Photo de mains tapant sur un clavier d’ordinateur portatif avec les mots du rédacteur apparaissant à l’écran.

À maintes reprises au fil des ans, les membres d’OSSTF/FEESO se sont serré les coudes, dans la solidarité, pour défendre leurs droits et leurs conditions de travail et pour préserver l’intégrité et la qualité du système d’éducation financé à même les deniers publics en Ontario. Mais même s’ils sont souvent unis par des luttes et des objectifs communs, il n’y a rien de monolithique ni d’homogène à propos des quelque 60 000 membres d’OSSTF/FEESO. Au sein de cet effectif réside une grande diversité qui se manifeste d’innombrables façons dont l’une se rapporte à l’orientation politique.

Dans mon rôle de rédacteur en chef d’Education Forum et d’Update, je reçois de temps à autre des commentaires des membres qui sont en désaccord avec des opinions politiques précises ou avec des déclarations qui paraissent dans ces publications ou qui contestent les stratégies politiques adoptées par la Fédération. À l’approche des élections provinciales du mois de juin et au fur et à mesure que la stratégie électorale d’OSSTF/FEESO se déploie, ces objections, qui sont cependant peu fréquentes, ont commencé à apparaître un peu plus souvent. Cela n’a rien de surprenant. Avec des dizaines de milliers de membres, il serait utopique de croire que chaque membre serait d’accord avec chaque déclaration ou stratégie de la Fédération et il est raisonnable de s’attendre à ce que certains membres, qui ne sont pas du même avis, veuillent exprimer ce désaccord.

Mais bien qu’il n’y a rien de surprenant ou importun que les membres expriment un éventail d’opinions politiques, je trouve déconcertant de recevoir des communications occasionnelles suggérant que la Fédération n’a pas lieu d’adopter de stratégie politique et ne devrait tout simplement pas se mêler de politique. Récemment, je parlais de ceci à un collègue et il m’a présenté ce que je pense être une analogie judicieuse. Il a dit « Un syndicat qui ne demeure pas à l’affût de la politique est comme un agriculteur qui ne se préoccupe pas de la météo. »

Il s’agit d’une analogie qui fonctionne pour tous les syndicats qui œuvrent dans le cadre réglementaire de la législation provinciale sur le travail, mais c’est particulièrement le cas pour les syndicats du secteur public comme OSSTF/FEESO. Si le mauvais temps s’installe, la récolte et les moyens de subsistance de l’agriculteur risquent d’en souffrir. De même, lorsque le climat politique devient hostile, comme ce fut le cas par exemple sous le gouvernement de Mike Harris au milieu des années 90, tout, des conditions de travail des membres à la rémunération en passant par l’intégrité du système d’éducation publique lui-même, serait exposé à de sérieux risques. C’est la raison pour laquelle OSSTF/FEESO suit toujours de très près le climat politique.

Contrairement à l’agriculteur qui est dans l’incapacité d’influencer la météo, OSSTF/FEESO a, pourtant, l’occasion et est pleinement en droit de travailler au sein du processus démocratique pour favoriser des résultats politiques qui sont souhaitables pour les membres de la Fédération. Le syndicat a une longue tradition d’action politique stratégique. Parfois, cela se traduit par de grands engagements très médiatisés comme notre participation à la manifestation politique historique contre le Projet de loi 160 en 1997 qui, encore aujourd’hui, reste le plus important moyen de pression jamais entrepris par les travailleuses et travailleurs en éducation en Amérique du Nord. Et, à l’occasion, cela prend la forme d’initiatives moins visibles comme la Journée de lobbying de l’an dernier à Queen’s Park, alors que 120 membres d’OSSTF/FEESO de partout en province ont rencontré des députés de tous les partis, y compris des ministres et les chefs de l’Opposition, afin de discuter de la violence en milieu de travail. Cet effort particulier a été l’occasion d’engagements importants, de la part de la ministre de l’Éducation et du ministre du Travail, de prendre exactement les mesures pour lesquelles nos membres exerçaient des pressions.

Et de toute évidence, au moins une fois tous les quatre ans, l’élection provinciale devient le point de mire des activités politiques de la Fédération. OSSTF/FEESO n’a pas et n’a jamais ni adhéré ni été affilié à aucun parti politique et notre approche à la politique électorale n’a jamais eu pour but de favoriser les intérêts d’un parti politique par rapport à un autre. Elle vise plutôt à promouvoir les intérêts de nos membres et à préserver l’intégrité de l’éducation publique en Ontario. Les décisions quant au parti ou au candidat à soutenir ou non reposent entièrement sur cet objectif. Il est important que les membres individuels d’OSSTF/FEESO comprennent cela lorsqu’ils jugent que leurs allégeances politiques personnelles sont en contradiction avec les stratégies électorales de la Fédération.

Prendre la position que la Fédération ne devrait pas s’impliquer du tout dans la politique électorale, franchement, c’est dire qu’OSSTF/FEESO devrait renoncer à ses responsabilités de protéger les droits et les conditions de travail de ses membres. Près d’un siècle d’expérience nous a démontré maintes et maintes fois que la tendance du gouvernement à Queen’s Park peut, et c’est généralement le cas, avoir des conséquences considérables sur la vie des membres d’OSSTF/FEESO.

Jusqu’à quel point l’action politique peut contribuer à la création d’un milieu plus propice dans lequel défendre les intérêts des travailleuses et travailleurs en éducation, il incombera toujours à la Fédération de s’engager dans le processus politique.

About Michael Young
Michael Young est le rédacteur en chef d'Education Forum et education-forum.ca.

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