Diriger avec expérience

Harvey Bischof apporte à la fonction de président sa passion pour l’éducation et une vaste expérience

Photo of Harvey Bischof standing in front of lockers at Dunbarton High School

Le 12 mars, la Réunion annuelle de l’Assemblée provinciale a élu Harvey Bischof, 66e président d’OSSTF/FEESO. Enseignant du District 13, Durham, Harvey est un vétéran de l’Exécutif provincial. Ayant passé quatre ans comme agent de l’Exécutif et six ans comme vice-président, il est, selon ses propres termes, « aussi bien préparé que quiconque pourrait demander de l’être, en matière d’expérience, pour relever le défi d’être président ».

Il se souvient avec tendresse du temps où il était élève du secondaire à la Dunbarton High School à Pickering : « Cela fut une belle expérience. J’adorais l’école secondaire. J’étais coureur sur piste et faisais partie de l’équipe de soccer. D’un point de vue académique, les lettres, l’anglais en particulier, m’intéressaient tout autant que les maths et les sciences. J’avais énormément d’enseignants vraiment bons, des gens qui avaient une connaissance approfondie de leur matière, mais qui entretenaient également des liens solides avec leurs élèves. D’ailleurs, je compte toujours mon enseignant d’anglais de la 9e et de la 11e année, parmi mes amis les plus proches à ce jour. »

« Tout ce temps, je savais que je voulais être enseignant d’anglais au secondaire. Mais quand j’ai obtenu mon diplôme d’études secondaires en 1982, les emplois dans l’enseignement étaient rares, je me suis donc inscrit à un programme coopératif en physique appliquée à Waterloo. Lorsque les possibilités d’emplois se sont avérées être rares dans ce domaine également, j’ai changé de programme en anglais à Trent et ai fini par faire une maîtrise et un baccalauréat en éducation à l’Université Queen’s. »

Comme beaucoup de candidats à l’enseignement, Harvey éprouve des sentiments mitigés quant à la période passée à la Faculté d’éducation. « Mon impression était que nous avions un réel besoin d’acquérir des compétences en gestion de la salle de classe, des choses que nous pourrions utiliser quand nous nous retrouverions en classe. Certaines instructions étaient utiles notamment en matière de conception de leçons, mais trop d’entre elles n’avaient aucun lien avec la réalité d’une classe. Ce que j’ai aimé, par contre, c’était les stages. J’ai enduré mes premières semaines à la faculté puis, le premier jour où je suis arrivé en salle de classe, j’ai su tout de suite que j’avais fait le bon choix en poursuivant une carrière en enseignement. J’avais compris cela bien avant, de manière plutôt théorique, que j’appréciais la compagnie des adolescents et que j’étais soucieux de pouvoir les aider et les éduquer, mais cela n’était que théorie jusqu’au moment où j’ai mis les pieds sur place, là, je me suis rendu à l’évidence combien cela m’intéressait vraiment! »

Avant même d’être diplômé de la Faculté d’éducation de Queen’s, Harvey s’est rapidement fait engager lors d’une embauche en masse par le Durham District School Board. « Le conseil de Durham s’est présenté à la faculté, ils ont procédé à des entrevues et à la fin de la mienne ils m’ont dit, signez ici, vous êtes embauché et on vous garantit un poste en septembre. Je n’ai même pas eu besoin de quitter l’établissement et d’attendre de leurs nouvelles. C’était en janvier et je savais que j’avais un emploi qui m’attendait en septembre. Je ne perds jamais de vue la différente réalité qui existe pour les nouveaux diplômés de nos jours. »

Avec le recul, Harvey réfléchit de manière positive au temps qu’il a passé en salle de classe. « Le travail avec les enfants me manque, c’est certain. L’occasion d’aider les élèves me manque. On sait qu’on n’arrive pas à avoir une incidence sur chacun d’eux, et certains enseignants réussissent à toucher certains enfants plutôt que d’autres, mais, quelle qu’en soit la raison, il y a toujours certains enfants à qui on peut personnellement tendre la main et on ne peut pas toujours prédire qui ce sera. On les voit évoluer même en l’espace d’un semestre. Ou parfois, parce qu’on les a eus en 9e année puis à nouveau lors d’une année subséquente, on peut évaluer leur croissance sur une période plus longue. Il est difficile d’imaginer quelque chose de plus gratifiant. »

Les activités parascolaires ont également tenu une grande place dans la vie d’enseignant de Harvey. « J’ai entraîné les garçons au hockey et au soccer, les filles au soccer et en athlétisme. Entre autres choses, j’ai supervisé un club d’écriture. Il y a eu une année où j’ai entraîné l’équipe de soccer des filles à l’automne qui s’est chevauché avec l’entraînement d’hiver du club de hockey des garçons, puis il y a eu à nouveau un chevauchement avec le soccer des garçons au printemps. Je me suis, si je puis dire, investi totalement. À la fin, je me suis promis que plus jamais je n’entraînerais trois sports en l’espace d’une année en plus d’une série complète de classes d’anglais, mais je peux dire que j’ai vraiment aimé participer. »

« Après avoir passé dix ans à enseigner, j’avais l’habitude de dire à tout le monde que j’étais chanceux comme on ne peut pas d’avoir choisi un tel emploi, parce que pas un jour ne se passait sans que j’aie envie d’être en classe et de travailler avec les enfants. »

Tout aussi heureux que Harvey pouvait se sentir dans son rôle d’enseignant, la menace était imminente et elle apporterait des changements dans son parcours. Lorsque Mike Harris a attaqué les éducateurs et a proposé des changements radicaux au système dans son ensemble, Harvey était en désaccord, mais il les a supportés. Cependant, lorsqu’on lui a dit qu’il devait à présent enseigner quatre classes sur quatre par jour, Harvey en a eu assez. « J’ai dit qu’il fallait faire quelque chose, qui luttait contre cela? Et c’était le syndicat qui se battait. La première chose que j’ai faite a été de me porter volontaire pour être chef de ligne de piquetage durant la protestation politique de 1997. L’année suivante, j’ai présenté ma candidature et je suis devenu représentant en milieu de travail. »

Après deux semaines de protestation, la plupart des conseils scolaires de la province ont trouvé des manières d’éviter de forcer les enseignants à enseigner quatre périodes sur quatre, mais le conseil de Durham s’est entêté. En 1998, l’unité de négociation de Harvey a déclenché la grève. « Nous avons fait la grève pendant trois semaines jusqu’à ce qu’une mesure législative nous oblige à retourner au travail. Quand j’ai appris que la loi avait été adoptée, je me rappelle en fait m’être assis et m’être mis à pleurer parce que je savais que le système scolaire, au sein duquel j’adorais travailler, allait être complètement touché par ceci. Et il l’a été. Je suis retourné à l’école le lendemain et ai enseigné quatre classes, trois d’anglais et une de maths. Et c’était vraiment pénible. Je veux dire par là que plusieurs de mes collègues abandonnaient. Et parce que mon syndicat était celui qui résistait, je me suis dit que c’était auprès d’eux que j’allais me rattacher. Et plus je l’ai fait, plus je me suis rendu compte que cela concordait avec les choses en lesquelles je croyais. »

C’est de cette agitation qu’a émergé l’engagement de Harvey envers son syndicat local. L’année suivante, il était élu vice-président au sein de l’exécutif local, tout en continuant de servir ses collègues à l’école comme représentant en milieu de travail. Il a par la suite été engagé à titre de négociateur en chef, un poste qu’il a occupé pendant quatre ans avant d’être élu président du District 13, Durham.

Après un an à titre de président local, Harvey a pris un second souffle en présentant sa candidature à l’Exécutif provincial, réussissant à se faire élire agent de l’Exécutif. Quatre ans plus tard, il a été élu vice-président.

« La courbe d’apprentissage est plutôt constante quand on se joint à l’Exécutif provincial; elle est très raide, surtout quand on vient de Durham, qui compte seulement des membres du personnel enseignant. On doit rapidement saisir la complexité de l’organisation, sa répartition sur le territoire, et comprendre que chaque unité fait les choses un peu différemment des autres, les divers organismes auprès desquels nous sommes impliqués comme le Régime d’assurance des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (RAEO), Educators Financial Group et la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (FEO), ainsi que le mouvement syndical dans son ensemble. La courbe d’apprentissage a certes été longue, mais j’ai le sentiment qu’au moins j’ai eu une occasion relativement complète d’assimiler tout cela. »

L’une des occasions les plus enrichissantes que Harvey a eues, dès le premier jour, est sa participation au Groupe de travail en matière d’équité. « On m’a affecté comme président du groupe de travail après qu’une résolution ait été adoptée à la RAAP de créer un sondage d’auto-identification des membres. J’étais peut-être un choix intéressant dans la mesure où je suis un homme d’âge moyen, hétéro et blanc, mais j’ai tellement appris et je me suis senti vraiment attaché à ce travail. J’aime penser que je suis devenu un allié dévoué à la cause du travail en matière d’équité entrepris par notre Fédération. J’ai découvert les obstacles auxquels certains sont confrontés, des enjeux dont je n’avais pas pris conscience parce que je suis issu d’une place privilégiée. Et cela m’a ouvert les yeux d’apprendre à quel point je suis issu de ces privilèges et de réaliser que je n’ai jamais eu à me présenter à une activité de la Fédération et à me poser la question si j’étais le bienvenu comme certaines personnes se la posent. »

Harvey admet qu’il est peut-être plus à l’aise dans des rôles où il peut se servir de ses compétences en négociation collective. « J’ai été à la table à titre de président des reprises des négociations au sein du secteur des conseils scolaires à maintes reprises et également dans le secteur universitaire. Dans mon rôle de président, j’ai accompagné des unités de négociation universitaires vers leur tout premier scrutin de grève. Nous les avons aidées, je crois, à mûrir en tant qu’unités de négociation et à reconnaître l’efficacité et le pouvoir qu’elles détenaient en adoptant une position ferme. Nous avons une longue expérience de négociations efficaces au nom de nos membres et, en négociant efficacement, nous protégeons la qualité de l’éducation publique. J’en suis très fier. S’il y avait conflit entre les droits syndicaux et la qualité de l’éducation, je ne sais pas comment j’aurais résolu cela. Je n’ai jamais eu à faire face à ce conflit parce qu’en faisant progresser les intérêts de nos membres, nous avons également toujours fait avancer la qualité de l’éducation. J’ai toujours trouvé intéressant que nos membres insistent à ce que nous négocions au nom de leur capacité à bien faire leur travail. Nos membres insistent pour que nous essayions d’obtenir pour eux la capacité d’effectuer le meilleur travail possible pour leurs élèves. »

Harvey considère les défis et les occasions qui se dessinent pour la négociation. « Je crois que nous sommes au beau milieu d’une de ces époques de transformation au sein du syndicat. Il y a eu une période où la législation nous interdisait de négocier des conditions de travail; à un moment donné, nous nous sommes rebellés, nous avons pris les rênes et nous y sommes opposés; nous exigeons de pouvoir aussi négocier des conditions de travail. Par le passé, il y a eu une opposition de la part de l’employeur et du gouvernement à ce que nous ayons des dispositions de négociation autour de notre pratique professionnelle, mais je crois que, pour la première fois au cours de la dernière ronde de négociation centrale, nous avons réussi en parvenant à du libellé concernant l’évaluation et la communication du rendement des élèves. Nous avons également obtenu la N P/P 159 sur la collaboration professionnelle et, bien que je trouve inquiétant le libellé bureaucratique, dans l’essentiel, c’est une excellente idée que nous devons inculquer dans la culture de ce que nous faisons dans chaque unité de négociation au sein des conseils scolaires de la province. Si nous allons faire avancer la capacité de nos membres à exercer leur professionnalisme, nous le ferons par l’intermédiaire du syndicat. Nous le ferons par la négociation et la gestion des conventions collectives. Au cœur de tout, dans un environnement hostile, notre priorité doit être accordée à appuyer et à entretenir des unités de négociation locales fortes. Nous pourrons poursuivre l’édification d’un fort syndicat que si nous le faisons par la base de la force locale. »

Lorsqu’on demande à Harvey de souligner une initiative à l’échelle de la Fédération dont il est fier, Harvey répond, « même si cela s’est produit bien avant mon arrivée, le fait que nous avons décidé de former un syndicat d’éducateurs et pas uniquement d’enseignants est très important. Notre diversité d’un bout à l’autre du secteur de l’éducation publique en Ontario fait d’OSSTF/FEESO une voix plus substantielle dans cette province. Elle nous ouvre des portes lorsque nous allons parler au gouvernement, puisque nous représentons des membres de la maternelle à l’université. J’estime que le fait qu’il y a 30 ans des personnes d’OSSTF/FEESO qui ont fait preuve de prévoyance en entamant ce recrutement et la position où cela a pu nous mener à ce jour a grandement contribué au caractère de la Fédération et à ce que nous défendons à titre de syndicat. »

Harvey Bischof entame son mandat de président le 1er juillet 2017.

About Randy Banderob
Randy Banderob est adjoint exécutif au Secteur des services éducatifs, Bureau provincial.

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