Cultiver la paix en soi
Initiation des éducateurs à la pleine conscience
Au cours des dernières années, il y a eu une nette augmentation du nombre de maladies et de diagnostics liés à l’anxiété. Membres du milieu éducatif, nous avons tous été les témoins directs de l’incidence qu’a l’anxiété dans nos bureaux, classes, écoles et communautés. Nous réalisons progressivement que des problèmes comme le stress, l’anxiété et la dépression prennent des proportions épidémiques.
L’autorégulation est une compétence dont nous parlons, notamment en ce qui concerne le comportement des élèves, mais nous passons souvent à côté d’un des éléments essentiels de l’autorégulation — la capacité à reconnaître notre propre état d’esprit et à trouver des moyens positifs et auto-enrichissants en réaction à cet état. Lorsque nous sommes pris dans une réaction de «lutte ou de fuite» par rapport au stress et au changement, nous sombrons souvent dans l’instant—une réaction qui compromet notre intégrité, dignité et bien-être mental général.
La santé mentale, comme la santé physique, mérite que nous lui consacrions régulièrement du temps et cette intention peut se manifester par la pleine conscience. Celle-ci nous enseigne des manières de demeurer présents, même dans les situations les plus stressantes—de garder notre calme et d’observer le caractère évolutif de nos sentiments.
La définition de pleine conscience la plus communément utilisée est celle du Dr Jon Kabat-Zinn, professeur de médecine et créateur du Center for Mindfulness in Medicine, Health Care, and Society. Dr Zinn décrit la pleine conscience comme étant le moyen de prêter attention de manière particulière : délibérément, dans le moment présent et sans jugement. Être « dans le moment présent» signifie que peu importe que nous soyons en train d’écrire au tableau, de marcher dans le couloir, d’écouter un collègue ou à la maison en train de faire la vaisselle, toute notre attention est portée uniquement sur cette expérience physique.
Bien que la pratique paraisse simple et accessible, elle requiert la paisible dé- termination d’être présent et de le rester — un acte qui, lorsqu’on le répète, commence à inculquer à notre cerveau d’être réceptif plutôt que réactif — nous écartant ainsi de la réaction de «lutte ou de fuite» qui nous stresse et nous met sur la défensive.
Cultiver la compassion et la paix en soi et en notre monde est le but ultime de la pratique de la pleine conscience et la manière de commencer à prendre soin de nous est en ralentissant, en écoutant attentivement les autres et nous-mêmes et en observant avec compassion notre propre fragilité et force.
La méditation est une pratique clé de la pleine conscience. Assis en l’absence de bruit, le rythme naturel et léger de notre souffle est l’outil utilisé pour rester dans le moment présent. Tandis que nos pensées et sensations se forment et s’estompent, nous y sommes attentifs et nous nous concentrons à nouveau sur notre respiration. Nous portons attention à nos émotions sans jugement et avec compassion à l’égard de nos propres expériences physiques et mentales. En méditation, il ne s’agit pas de vider son esprit ni de cogiter sur quelque chose. Il s’agit d’observer ce qui se passe avec ouverture d’esprit et curiosité. Quand nous réalisons que notre esprit vagabonde, nous nous recentrons sur notre respiration. Et nous le faisons plusieurs fois de suite.
Les débutants pourront ne pas trouver ce processus facile. Parfois le fait de se concentrer sur sa respiration accroît la sensation d’anxiété — notre souffle peut être irrégulier et superficiel et au départ cela peut créer un sentiment de gêne. C’est loin d’être un signe d’échec. Au contraire, c’est la preuve tangible de l’efficacité du travail de rétablissement des circuits de notre cerveau. Quand nous pratiquons régulièrement la méditation de pleine conscience, nous apprenons à rester calmes et dispos malgré les difficultés soudaines que nous pouvons rencontrer. Il est démontré (à l’aide d’IRM) que de dix à vingt minutes de méditation par jour pendant huit semaines modifient physiquement notre cerveau, conduisant à une concentration et une attention supérieures et à une prise de décision améliorée.
Au Royaume-Uni, le Mindfulness All-Party Parliamentary Group a mis en place au Parlement un programme de classes de pleine conscience suivi par 115 parlementaires et 80 membres de son personnel. Le groupe vient de publier ses résultats, concluant que la pleine conscience «est une importante innovation en matière de santé mentale justifiant une attention particulière des politiciens, responsables politiques, des services publics en santé, en éducation et en justice pénale ainsi que des employeurs, organisations professionnelles, chercheurs, universités et fondations caritatives qui peuvent étendre davantage la base de données probantes.»
On recommande à quiconque intéressé à avoir recours à la pleine conscience dans sa classe ou son école de commencer à la pratiquer d’abord eux-mêmes. Dans le tourbillon et la frénésie quotidienne de l’exercice de nos fonctions, on peut se retrouver, tout comme les élèves et la communauté que nous desservons, pris comme un cerf-volant dans le vent. En réalité, on peut aborder les choses beaucoup plus lentement : une action qui peut transformer rapidement notre travail, notre enseignement et nos écoles.
Demandez à quiconque pratique la pleine conscience s’il regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt. La réponse sera résolument «Oui! ».
Bienfaits documentés de la pleine conscience :
- atténue l’insomnie, augmente la qualité du sommeil
- a un effet positif sur toute une gamme d’affections médicales, dont les maladies cardiovasculaires, l’asthme, le diabète de type II, le SPM et la douleur chronique
- réduit l’anxiété, la dépression et le stress
- accroît le contrôle des émotions
- renforce les aptitudes sociales
- améliore l’estime de soi
- améliore la concentration et l’attention
- améliore la mémoire de travail et les compétences en matière de planification et d’organisation
- accroît le sentiment de sérénité, l’état de relaxation et l’acceptation de soi
- diminue les comportements liés au TDAH, notamment l’hyperactivité et l’impulsivité
- diminue les émotions/affects négatifs
- réduit les problèmes de comportement et de gestion de la colère.
Trouvés sur www.DiscoverMindfulness. ca et www.mindfuleducation.org/research.
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