La violence au travail dans les écoles
Poser les bonnes questions
En décembre dernier, Vanessa Woodacre et moi-même, nous nous sommes rendus à Fergus pour rencontrer un petit groupe d’aides à l’enseignement et d’éducatrices. Nous étions là pour les interroger à propos de l’équipement de protection individuelle (EPI) qui est systématiquement exigé au travail afin de les protéger contre la violence parfois quotidienne dont elles sont victimes alors qu’elles travaillent avec les élèves qui leur sont confiés. Vous pouvez lire l’article de Vanessa à la page 4 du présent numéro.
Pendant que Vanessa commençait l’entrevue avec la première éducatrice dans un coin privé de la pièce, je me suis entretenu avec les autres de l’équipement de protection qu’elles avaient elles-mêmes apporté.
Tout d’abord, j’ai appris que leurs protège-bras en Kevlar n’étaient pas les attelles en plastique rigide que j’avais imaginées; ils ressemblaient plutôt à des chaussettes jaunes tricotées. « Elles vous protègent des morsures? » ai-je demandé. « Non, non, pas vraiment » m’a-t-on répondu. Les protège-bras préviennent les blessures par perforation liées aux morsures, mais quand une éducatrice a relevé sa manche, j’ai pu voir une profonde ecchymose pourpre-vert qu’il n’est pas rare de constater.
J’ai demandé : « Est-ce un gilet en denim? » En réalité, c’était un couvre-tout. Eh oui, il était en denim, car il s’agit du matériel le plus résistant que les éducatrices pouvaient coudre. Oui, elles confectionnent elles-mêmes certains de leur équipement de protection.
« Et qu’en est-il de la formation? » Elles ont énuméré les NVCI (techniques d’intervention non violente), la BSMT (formation au système de gestion du comportement) et une série d’autres acronymes. Mais certaines des contraintes physiques enseignées sont rarement efficaces avec les élèves de plus grande taille ou qui nécessitent plus d’une personne.
« Et les plans de sécurité? » Les éducatrices ont hoché de la tête. Oui, les élèves ont habituellement des plans de sécurité, mais ils ne sont pas toujours efficaces ou même mis à jour. Évidemment, il ne s’agit pas d’élèves ordinaires. Ce sont des élèves ayant des besoins particuliers, qui ont des troubles congénitaux ou acquis leur ayant légué de tendances particulières à la violence. Il incombe aux éducatrices et éducateurs d’appuyer ces élèves afin qu’ils réussissent en classe et à l’école.
C’est donc le dilemme. Dans nos écoles, nous avons des élèves qui contrôlent peu ou pas leurs comportements violents et ils ont besoin de soutien. Et nous avons les éducatrices dont le travail consiste à appuyer ces élèves et qui sont inévitablement les victimes de leurs gestes agressifs.
La vraie question à se poser est : « Est-ce qu’on devrait s’attendre à ce que quelqu’un soit victime de violence physique au travail? »
Je ne peux m’empêcher de remarquer des similitudes avec les infirmières en Ontario. Tout comme nos aides à l’enseignement et éducatrices, elles sont confrontées quotidiennement à la perspective de violence. Et comme pour nos aides à l’enseignement et nos éducatrices, leur classification d’emplois est une de celles à prédominance féminine. Se peut-il que le risque de violence au travail pour les éducatrices et les infirmières soit, à tout le moins, en partie due au genre?
Je n’accepte pas l’argument voulant que l’on doive s’attendre à de la violence dans un emploi. Là où le risque de violence est réel, il incombe à l’employeur de fournir des plans de sécurité, de la formation, de l’équipement et du soutien et de façon continue. Nos éducatrices, comme nos infirmières, méritent le même engagement envers la sécurité au travail tout comme nous.
Randy Banderob, rédacteur en chef
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